Ensemble pour les enfants : une collaboration école, famille et communauté


Annie Goudreau, agente à la recherche et aux services aux parents
Fédération des comités de parents du Québec
En 2020, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) publiait un avis intitulé « Le bien-être de l’enfant à l’école : faisons nos devoirs ». Dans les années suivantes, le CSE a poursuivi ses réflexions, consulté des partenaires du réseau de l’éducation, dont des parents et des gens de tout horizon, et ce, afin de dresser un portrait de la collaboration école-famille-communauté au niveau de l’école primaire – cet exercice avait déjà été fait en 1998 pour le secondaire.
Ainsi est né le très volumineux avis intitulé « Ensemble pour les enfants : une collaboration école, famille et communauté » qui comprend entre autres quatre orientations et 18 recommandations pour renforcer la collaboration entre tous les acteurs.
Dans le texte qui suit, je mettrai en lumière certains points de l’avis qui ont particulièrement retenu mon attention, mais je vous invite à consulter l’avis complet, le sommaire ou encore le napperon (aussi disponible en version interactive!) afin d’en savoir plus.
La communauté éducative, qu’est-ce que c’est ?

La communauté éducative ce n’est pas la même chose que la communauté-tout-court !
La communauté éducative, c’est beaucoup de monde. Et ça va bien au-delà des murs de l’école – famille, sécurité publique, organismes communautaires, ministères, système de santé…. et aussi les commerces et entreprises qui se trouvent tout près des écoles!
C’est vraiment beaucoup de monde… est-ce que c’est faisable ?
Bien sûr que ça l’est !
D’ailleurs, le CSE a recensé plusieurs organismes scolaires ayant inclus directement dans leur PEVR (plan d’engagement vers la réussite) un ou des objectifs en lien avec la collaboration de la communauté éducative.

Bien que dans la majorité des PEVR recensés, la collaboration de la communauté éducative se limite à des aspects de communications (surtout lorsqu’on parle de collaboration école-famille), certains organismes scolaires se détachent suffisamment du lot sur l’aspect de la collaboration école-famille pour que le CSE en fasse mention dans son rapport.
D’abord, le CSS de la Vallée-des-Tisserands est le seul à aborder directement la collaboration école-famille dans son PEVR via :
- Un objectif : Reconnaître le rôle de partenaire aux parents dans une relation égalitaire avec les équipes-écoles afin que les élèves puissent être accompagnés tout au long de leur parcours scolaire;
- Un indicateur : Sondage annuel aux parents des élèves du préscolaire, primaire et secondaire;
- Et une cible : Un niveau excellent pour les pratiques de collaboration instaurées par l’école.
De son côté, le CSS de l’Énergie a inscrit dans son PEVR une intervention ambitieuse et pertinente: à l’échéance du PEVR, toutes les écoles primaires et secondaires se doteront d’une planification annuelle d’implication des parents et de la communauté dans divers contextes inspirée sur les pratiques efficaces de collaboration école-famille-communauté.
Enfin, le Conseil rappelle que les projets éducatifs des écoles sont les outils par excellence pour mettre en place de belles collaborations, et ce, en se basant sur les cinq conditions gagnantes identifiées par le ministère de l’Éducation : la gestion collaborative, le travail d’équipe, la concertation, les consultations et l’échéancier de travail. Pas le choix, pour arriver à faire tout ça, on doit travailler tous ensemble!
C’est beau tout ça, mais ce n’est pas toujours évident…
En effet ! Et le CSE a identifié dans son avis plusieurs barrières qui compliquent la tâche quand vient le temps de parler de collaboration :
1re barrière : Le temps limité des acteurs
Ce n’est un secret pour personne, le temps, c’est précieux et 24h dans une journée, ce n’est pas assez!
2e barrière : Pénurie et roulement de personnel
Ça non plus, ce n’est pas un secret. Et c’est une barrière particulièrement difficile à enjamber.
3e barrière : Financement contraignant
Le financement obtenu est souvent encadré par des balises de temps et/ou circonscrit pour des actions ou acteurs très précis, voire insuffisant pour assurer une qualité de services.
4e barrière : Espace scolaire sous pression
Par « espace », le CSE entend les infrastructures. Vétustes, trop petites, inadéquates… les problèmes sont nombreux et les solutions difficiles à trouver.
D’autres défis ont également été soulevés, notamment en ce qui concerne les objectifs des acteurs qui ne sont pas nécessairement les mêmes, les différences culturelles dans certains milieux, le manque de confiance entre l’école et le monde communautaire ou encore la méconnaissance des organismes communautaires, ce qui engendre souvent de fausses perceptions : les écoles les considèrent comme des fournisseurs de services alors que les organismes communautaires voudraient être perçus comme des partenaires.
Comment résumer cet avis en quelques phrases ?
La collaboration concerne tous les milieux : ce n’est pas à l’école à tout faire, ni aux parents ou organismes. Comme le mentionne le CSE, toutes les écoles, peu importe leur emplacement, bénéficient des relations avec les familles et les partenaires locaux. Il y a dans chaque milieu des ressources humaines, matérielles et culturelles et il faut en profiter, créer des liens !
Un climat relationnel positif favorise la collaboration : quand la confiance y est, la collaboration y est également. Il faut donc promouvoir l’ouverture, le respect et la reconnaissance de tous et chacun.
La communauté éducative comme filet de sécurité : cette communauté doit être un réseau de soutien continu pour les enfants. De la garderie à l’école en passant par le système de santé et autres intervenants, tout le monde est important et a un rôle à jouer pour assurer le bien-être émotionnel et social des enfants.
En vrac – des trucs et astuces pour y arriver!
Amélioration de l’accueil des familles :
- Services centralisés / protocole d’accueil pour les nouveaux arrivants, adaptation des outils pour des communautés spécifiques (traduction de documents, références aux particularités culturelles…)
- Services de médiation (en cas de conflit, c’est très pratique!)
- Diversification des canaux de communication (variés, clairs et pertinents)
Connaissance du milieu :
- Répertoires des ressources locales (un bon vieux bottin!)
- Tournées de quartiers et sondages (pour comprendre les réalités des familles)
Multiplication des occasions de rencontres :
- Activités sociales, réseautage communautaire (barbecues, souper spaghetti…)
- Événements récurrents (un bingo animé par les jeunes tous les vendredis?)
Soutien au développement professionnel
- Communautés d’apprentissage (collaboration entre le milieu de la recherche et les acteurs scolaires)
- Guides pratiques, ressources en ligne et formation sur les réalités spécifiques, inclusion des diversités sexuelles et de genre (sensibilisation aux traumatismes vécus, communauté LGBTQ2S+, etc.)
Approches sensibles aux traumas
- Accompagnement du personnel (sensibilisation aux défis rencontrés et formation pour mieux collaborer avec les familles)
- Interventions pour enfants traumatisés (encourager l’expression des émotions, soutien neutre et sécuritaire, etc).