Le projet éducatif, où est-il?
Rénald Beauchesne
Chargé de cours en administration scolaire et professionnel de recherche à l’Université du Québec à Chicoutimi
Formateur à la Fédération des comités de parents du Québec
Pour ce nouveau blogue, choisir un sujet ne me semblait pas tellement difficile au départ car le monde de l’éducation est très vaste. Après réflexion, j’ai choisi d’aller consulter le plus récent document législatif de l’Assemblée nationale proposé par le ministre de l’Éducation. Il porte sur le nouveau protecteur national de l’élève et a été sanctionné le 2 juin dernier. Sa mise en œuvre devrait être principalement en septembre 2023.
À sa lecture, l’article 21 a particulièrement retenu mon attention. Dorénavant, chaque établissement d’enseignement public ou privé devra rendre accessibles les informations sur la possibilité d’effectuer un signalement ou une plainte dans une section de son site Internet « à partir de la page d’accueil » de celui-ci.
J’ai pris acte et constaté que cela était en effet très important d’en faire une priorité. En même temps, je me suis demandé si d’autres informations devraient être ainsi priorisées.
Ma réponse fut immédiate et sans réflexion supplémentaire : le projet éducatif.
Lors de mes rencontres de formation avec des comités de parents ou des conseils d’établissement ces dernières années, j’ai souvent rappelé que le projet éducatif devait être comme une locomotive qui oriente les actions de chaque établissement.
J’ai donc décidé d’explorer au hasard plusieurs sites Internet d’établissements scolaires du Québec. J’ai été passablement heureux de constater que le projet éducatif se retrouve assez souvent directement à partir de la page d’accueil ou après quelques clics. Pour d’autres sites, on parlera plutôt de projets comme le programme d’anglais intensif, du Sport-études ou d’une classe extérieure. Finalement, pour d’autres, on ne retrouve rien. Je dois avertir ici que ma démarche n’avait aucunement un caractère scientifique.
S’il y avait eu auparavant un article de la Loi sur l’instruction publique qui imposait la même obligation pour la publicité du projet éducatif sur le site Internet de chaque établissement que pour celle prescrite en juin dernier concernant le protecteur de l’élève, le résultat de mon enquête aurait été sûrement bien différent.
De fait, le projet éducatif devrait, si l’on est cohérent avec la nature même de son existence, être présent un peu partout et non seulement sur un site Internet car celui-ci détermine « les valeurs que l’établissement souhaite promouvoir et structure les priorités d’action en vue de l’amélioration de la réussite des élèves ».
Je veux insister sur le fait que le projet éducatif de chaque établissement devrait être simplement accessible, s’il ne l’est déjà, à partir de la page d’accueil des sites Internet, mais bien plus. Pour que celui-ci soit bien vivant, il devrait se retrouver à l’ordre du jour des conseils d’établissement non seulement pour son adoption, mais aussi pour sa diffusion, son évaluation et pour mener les consultations préalables nécessaires.
À mes lecteurs, je pose les questions suivantes :
- En a-t-on parlé à votre assemblée générale du début de l’année ?
- En fait-on mention à l’occasion dans le journal de votre école ou de votre centre ou sur votre page Facebook ?
- Un document synthèse a-t-il été édité ?
- Des communiqués de presse pour souligner certaines réussites sont-ils publiés ?
Bref, la lecture de la nouvelle Loi sur le protecteur national de l’élève m’a remémoré que chaque projet éducatif ne devrait pas seulement être présent sur un site Internet, mais actualisé par des actions différentes tout au long d’une année scolaire dans les établissements scolaires du Québec.
Qu’en pensez-vous ?