Les troubles d’apprentissage (bis)
Annie Goudreau
Conseillère EHDAA au comité exécutif de la FCPQ
Être parent d’enfant avec un trouble d’apprentissage, vous le savez, en général, ça n’est jamais simple.
Ça n’est (presque!) jamais « juste » une dyslexie ou « juste » une dyspraxie. Les troubles « dys », ça vient (presque!) toujours accompagné de petits extras. Et en cours de route, on finit par apprendre que certains comportements qu’on n’arrivait pas à expliquer sont en fait une composante du problème de base : après 18 ans à vivre avec 2 dyspraxiques, je fais encore des découvertes !
Parmi les p’tits extras les plus connus, on retrouve les troubles reliés aux sensibilités : hyper (trop) et hypo (pas assez). La couture des chaussettes empêche fiston de se concentrer sur la lecture, le bruit du crayon sur le papier du voisin résonne dans nos oreilles comme des ongles sur un tableau, Junior n’est pas dérangé par son pantalon souillé ou ne sent pas les brûlures de froid sur ses joues … Pour mon Roux, le pire, c’est l’hypersensibilité auditive. Le pire combo? Les cours d’éducation physique dans un gymnase. Il n’a aucune coordination dans les sports (dyspraxie), il perd la moitié des explications (TDAH), et on rajoute l’écho typique d’un gymnase d’école dans lequel résonnent les cris, les mots et les rires d’une vingtaine d’enfants en même temps : BOOM! Explosions garanties!
Il existe également d’autres types d’hyper et d’hypo quelque-chose, notamment au niveau du tonus. Une difficulté à tenir un crayon parce que nos doigts sont trop mous et ne gardent pas la prise, une difficulté à tracer des choses sur papier parce que le bras est trop rigide (l’enfant bouge l’ensemble du bras – jusqu’à l’épaule lorsqu’il écrit quelque chose plutôt que de bouger seulement le poignet). Regardez votre enfant lorsqu’il s’assoit quelque part : est-il droit ou a-t-il le dos courbé?
Mais l’élément qui fait rager pratiquement toutes les mamans de la terre, c’est définitivement les difficultés d’organisation : plan de travail, milieu de travail, chambre à coucher…
Certains diront que tous ces « p’tits extras » peuvent se retrouver chez n’importe quel individu, neurotypique ou pas.
C’est vrai.
Ils sont toutefois problématiques à partir du moment où, malgré de l’aide, des suivis, de la réadaptation, des trucs et astuces, des rappels, etc., l’extra est toujours là. À ce moment-là, la seule chose à faire, c’est d’apprendre à vivre avec en trouvant des moyens de contourner le problème et/ou de le rendre plus agréable!
Vêtements sans couture, crayons triangulaires ou avec une pointe plus épaisse, pousse-mine pour mon Roux qui était incapable d’aiguiser son crayon seul, petite débarbouillette dans la boite à lunch pour les fois où on ne sent pas la saleté sur notre visage après avoir mangé, coquille pour bloquer les bruits dérangeants en classe, etc. Les mesures d’aide sont nombreuses, accessibles et tout le monde peut en profiter (j’ai moi-même des lacets élastiques sur toutes mes chaussures à lacets !)
Parents, n’hésitez pas à discuter avec l’enseignant de votre enfant des trucs et astuces qui fonctionnent (ou pas!). Et surtout, n’hésitez pas à fournir du matériel adapté pour votre enfant même si ce n’est pas sur la liste scolaire (ni dans un plan d’intervention!). Vous pouvez facilement déroger à la liste d’effets scolaires demandés et envoyer des crayons adaptés, une règle avec une meilleure prise, un plan incliné, un bidule pour mieux tenir le crayon dans les doigts, même des petits objets pour occuper les mains qui bougent toujours et empêchent le cerveau de se concentrer (les tangles sont mes préférés, ils ne font aucun bruit et peuvent se manipuler de mille façons).
En terminant, rassurez-vous, en grandissant, on apprend à composer avec tous nos p’tits extras. Si un jour on se croise dans une réunion, une formation, un colloque ou un congrès, ne soyez pas étonnés si je me mets à tricoter : c’est mon tangle d’adulte à moi qui me permet de mieux vous écouter!
En bonus, une petite vidéo qui m’a fait voir le célèbre déficit d’attention (TDA) sous un autre œil… Pour être moi-même l’heureuse propriétaire de ce trouble neurologique, je peux confirmer que les explications données ici sont des plus justes!