Messages à connotation sexuelle adressés aux jeunes en milieu de travail
Marie-Laurence Simard, étudiante de 5e secondaire à la Polyvalente de Normandin
Membre du comité du projet : De l’autre côté du comptoir
La pénurie de main-d’œuvre que connait actuellement l’ensemble de la province porte les jeunes à être plus présents sur le marché du travail. Effectivement, selon le bulletin annuel d’emploi Québec: « Près de la moitié (48 %) des individus âgés de 15 à 19 ans ont allié travail et études durant l’année scolaire 2021-2022 ». Les adolescents sont ainsi exposés de plus en plus jeunes aux réalités de la vie des travailleurs. À cet effet, les élèves de la Polyvalente de Normandin se sont penchés sur le sujet lors d’un atelier intitulé : « Vers le monde adulte ». Les messages à connotation sexuelle ont été soulevés comme une problématique. Un phénomène connu de tous, mais peu mentionné et malheureusement banalisé. Un comité a récemment été mis en place dans cette école afin de sensibiliser les employeurs, les employés et les clients. Qu’en est-il des parents? Comment peuvent-ils soutenir et outiller leur enfant aux prises avec cette situation? Cet article vise justement à renseigner les parents face à ce fléau.
Portrait de la situation
Bien que le comité se soit mobilisé pour effectuer des recherches, très peu de journalistes ou de chercheurs ont écrit sur le sujet. Pourtant, les élèves interrogés avaient plusieurs répliques dégradantes, abusives ou offensantes à donner en exemple :
« Pourquoi tu mets pas un décolleté? Me semble que ça te ferait bien ».
« Être ton père, je te mettrais un cadenas dans les bobettes pour que personne n’aille jouer dedans ».
« Ton amie à caisse est bien faite ».
Bien entendu, les messages à connotation sexuelle ont plusieurs aspects négatifs. En effet, cette forme de harcèlement peut provoquer un sentiment d’impuissance, de vulnérabilité ainsi qu’une certaine diminution de l’estime de soi.
Les jeunes travailleurs arrivent de plus en plus tôt sur le marché du travail et ne connaissent pas leurs droits. Parce que « le client est roi », ils ne savent pas comment réagir.
Déroulement du projet
Des élèves de 5e secondaire: Cassiopée Poitras, Victor Potvin, Marie-Laurence Simard et Marika Thibeault ont mis sur pied un comité avec l’aide de l’animatrice de la vie étudiante, madame Brigitte Larouche. Le projet De l’autre côté du comptoir a donc vu le jour. Ils se sont rendus dans les commerces avec service à la clientèle de la ville de Normandin, ainsi que dans certains commerces du Lac-Saint-Jean afin d’avoir leur soutien. Des affiches avec l’inscription « Ici, les messages à connotation sexuelle c’est non! » ont été exposées dans 15 commerces participants. Des chandails avec le slogan et le logo du projet ont également été portés lors des journées significatives, soit les 14 et 15 avril derniers. Une marche de sensibilisation, incluant tous les élèves de la Polyvalente, a été réalisée lors de l’une de ces journées. Finalement, une vidéo qui dénonce les messages éloquents qui ont été mentionnés par des clients à des élèves a circulé sur les réseaux sociaux.
Et le parent dans tout ça?
Il n’est pas toujours facile comme parent de bien outiller son enfant. D’ailleurs, ces propos demeurent souvent tabous. Voici quelques trucs pour aborder ce sujet avec votre enfant :
- Posez des questions afin de savoir si votre enfant a déjà été victime de propos à connotation sexuelle. En tant que parent, il est possible de ressentir de l’impuissance et même de la colère. Les pratiques à adopter ne sont pas clairement établies par les spécialistes. Cependant, elles pourraient s’apparenter à celles suggérées en cas d’intimidation. Le site du ministère de l’Éducation du Québec propose quelques pistes. Elles s’avèrent intéressantes lorsque la situation est récurrente.
- Dites-lui que c’est normal qu’il ressente un malaise et qu’il fait bien de vous en parler;
- Demandez-lui s’il souhaite que vous l’accompagniez dans sa démarche;
- Suggérez-lui d’aviser un adulte en qui il a confiance;
De plus, vous pouvez lui mentionner que son employeur a le devoir de le protéger et de gérer la situation. Il doit agir, que le harcèlement vienne d’un collègue, d’un client ou même d’un fournisseur, tel que mentionné sur le site d’Éducaloi.
En terminant, le projet a été une véritable réussite. La participation des employeurs a été remarquable. Les enseignants, le personnel et les étudiants de l’école se sont mobilisés pour soutenir la cause. Les commentaires sur les réseaux sociaux ont démontré le soutien de la population. Tous les membres du comité sont fiers de l’envergure qu’a pris le projet et souhaitent son expansion. Retenons, « qu’ici, les messages à connotation sexuelle c’est non! ».