Un été à besoins particuliers… moins compliqué!


Annie Goudreau, agente à la recherche et aux services aux parents
Fédération des comités de parents du Québec
C’était l’été, j’avais 19 ans et j’étais Coccinelle, la monitrice d’hébertisme et de survie en forêt du camp d’été. Debout au milieu du pont suspendu, les mains sur les hanches, j’attendais les groupes de jeunes âgés entre 7 et 16 ans, prête à leur faire vivre des expériences extraordinaires dans ma forêt.
J’ai travaillé deux étés à cet endroit et des enfants, j’en ai vu passer des centaines. Toutefois, un peu plus de 25 ans plus tard, seulement trois d’entre eux sont encore bien vivants dans mon esprit : un jeune de dix ans avec un Gilles de la Tourette (SGT), un de 16 ans avec un trouble du spectre de l’autisme et un autre de huit ans qui prenait du ritalin. Trois garçons avec des besoins particuliers.
Ce dont je me souviens surtout, c’est qu’à cette époque, personne ne nous avait informés de ce qu’il fallait faire – ou pas – avec ces jeunes. Pas de formation, pas d’information, rien que le vide. Du mieux que j’ai pu, j’ai tenté de changer les idées du jeune qui pleurait de douleurs, incapable de contrôler son tic moteur au poignet. J’ai hurlé dans le vent que je n’aurai pas de garçon mal élevé comme « l’ado qui fait des crises pour rien » et que « Moi, mes enfants, ils ne prendraient jamais de médication » – le karma m’a bien entendu, croyez-moi.
Et le temps passe…
Quinze ans plus tard, ce fut mon tour d’envoyer mes enfants – deux garçons à besoins particuliers, prenant tous deux de la médication – en camp de jour. Je fus très heureuse de constater que contrairement à l’époque où j’étais moi-même animatrice, il semblait maintenant y avoir de la sensibilisation et de la formation !
Yé!
Mais ça s’arrêtait là.
Bien que le camp ait lieu entre les murs de l’école du quartier, les plans d’intervention, le personnel spécialisé, les mesures d’adaptation et autre forme de mesures particulières ne suivaient pas. De septembre à la mi-juin, entre les murs de l’école, on avait de l’aide pour apprendre à lire, écrire et compter, mais de la mi-juin à la fin-août, entre ces mêmes murs, on n’avait pas d’aide pour apprendre à rire, jouer et s’amuser.
Dix ans se sont écoulés depuis ce dernier été, mes enfants sont maintenant adultes, et enfin, un outil existe maintenant pour guider le personnel des camps de vacances et des camps de jour dans l’accompagnement des jeunes à besoins particuliers.
Tout nouveau tout beau, produit par l’Association québécoise pour le loisir des personnes handicapées, le Guide pour soutenir la démarche de Transition de l’école vers la vie estivale (TÉVE) est là !
Ce petit bijou est plein d’extraordinaires conseils pour toutes les personnes qui auront à intervenir de près ou de loin avec les enfants, du parent jusqu’au dernier échelon de la chaîne de décision, en passant par les gestionnaires, animateurs, directeurs, ministères, etc. On n’oublie personne !
Mon petit doigt me dit que les étés à venir seront probablement un peu moins stressants pour plusieurs parents, et beaucoup plus agréables pour beaucoup d’enfants !
Après tout, l’été, c’est fait pour jouer, non ?
Bonnes vacances!
